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Polonais = catholique.
On ne peut plus ignorer cette évidence. Les ouvriers agenouillés devant les grilles des chantiers de Gdansk, la visite de Lech Walesa au pape polonais nous rappellent qu'il n'y aurait pas de Pologne sans catholicisme.
Mais comment s'est faite cette histoire singulière qui fait qu'un peuple se définit par sa religion alors même que ses frontières sont niées par des voisins avides ?
Georges Castellan, historien du monde germanique et de l'Europe centrale, aujourd'hui professeur à la Sorbonne et à l'Ecole des Langues orientales, nous retrace ce mariage entre une foi et une patrie.
Sans la connaissance de cette histoire, on ne peut comprendre la réalité polonaise. Georges Castellan nous montre avec clarté que, contrairement à un mythe historique qui la date volontiers d'un millénaire, l'équation "Polonais = catholique" se dégage et s'affirme au cours du XIXe siècle. Durant cette période noire, le peuple polonais est, en effet, privé d'Etat et soumis aux trois empires russe, allemand et autrichien.
Il se heurte au pouvoir tsariste orthodoxe, à l'administration prussienne protestante, à la montée d'autres nationalismes dans l'empire des Habsbourg. Et pourtant, il survit précisément parce que la foi catholique sert de sentiment et de signe de reconnaissance aux Polonais dispersés sous des dominations différentes.
Le livre de Georges Castellan précise cette période essentielle pour comprendre aujourd'hui.
Mais, surtout, il met au point pour la première fois l'histoire du catholicisme polonais au XXe siècle. Avant lui, on ne savait rien de l'attitude des croyants et de la hiérarchie catholique face au double génocide conduit par Hitler et Staline contre les Polonais. Il nous permet de comprendre un paradoxe : la force d'un peuple qui se proclame catholique à quatre-vingt-cinq pour cent et dont le gouvernement s'affirme athée !
Il éclaire une apothéose : l'élection d'un pape polonais, le 16 octobre 1978.