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" Le septième jour, pour moi, c'est le mardi. Le mardi est, depuis des années, jour de bouclage au Nouvel Observateur. Cette échéance scande ma semaine ; elle dessine un après et un avant. Jusqu'au jeudi, jour de parution du "journal", comme nous disons, je vis dans l'après : c'est le temps de l'écho, et aussi des repentirs. Mais le vendredi matin, j'entre dans le temps de l'avent. Une nouvelle semaine commence : incertitudes, projets avortés, attention flottante à l'information.
J'aime cette organisation chronique de l'existence ; elle m'épargne le vague à l'âme et le narcissisme du week-end. Et puis, elle introduit entre les événements une curieuse hiérarchie. Ceux qui surviennent le mercredi, tandis que mon papier est en train de s'imprimer, et fait déjà route vers le lecteur, je le regarde avec rancune, et un peu de méfiance : huit jours plus tard, beaucoup d'entre eux risquent d'être oubliés, recouverts sous la sédimentation incessante des nouvelles.
Comment pourtant les réintégrer dans l'actualité, sans donner au lecteur le sentiment qu'on lui propose le journal de la semaine précédente ?
Tel est justement le rôle du chroniqueur hebdomadaire : au-delà du quotidien, tenu de refléter le présent immédiat dans sa diversité baroque, il lui incombe de faire les premiers tris, d'entreprendre cette première organisation de l'actualité, destinée à la rendre lisible à nos contemporains, avant que l'histoire à son tour n'opère ses choix.
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J. J.