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Colonie mennonite de Manitoba, Bolivie, 2009. Alors que les hommes sont partis à la ville, huit femmes - grands-mères, mères et jeunes filles - tiennent une réunion secrète dans un grenier à foin. Depuis quatre ans, nombre d'entre elles sont retrouvées, à l'aube, inconscientes, rouées de coups et violées. Pour ces chrétiens baptistes qui vivent coupés du monde, l'explication est évidente, c'est le diable qui est à l'ouvre.
Mais les femmes, elles, le savent : elles sont victimes de la folie des hommes.
Elles ont quarante-huit heures pour reprendre leur destin en main. Quarante-huit heures pour parler de ce qu'elles ont vécu, et de ce qu'elles veulent désormais vivre. Analphabètes, elles parlent un obscur dialecte, et ignorent tout du monde extérieur. Pourtant, au fil des pages de ce roman qui retranscrit les minutes de leur assemblée, leurs questions, leur rage, leurs aspirations se révèlent être celles de toutes les femmes.
Inspiré d'un fait divers réel, Ce qu'elles disent est un roman éblouissant sur la possibilité pour les femmes de s'affranchir ensemble de ce qui les entrave.
Miriam Toews est née en 1964 dans une communauté mennonite du Manitoba, au Canada. Elle est l'autrice de plusieurs romans et a été lauréate de nombreux prix littéraires, notamment du Governor General's Award. Elle vit au Canada. Ce qu'elles disent est son premier roman à paraître chez Buchet/Chastel, et le troisième à paraître en France après Drôle de tendresse (Seuil, 2006) et Pauvres petits chagrins (Christian Bourgois, 2015).
Ce qu'elles disent
Dans un fenil, la nuit. Des femmes qui parlent, des femmes qui n’ont d’autre choix : partir ou rester et se battre.
Elles appartiennent à une communauté mennonite. La nuit, les hommes les battent, les violent, après les avoir endormies à la belladone. Les accusant de frivolité et de côtoyer de trop près le démon.
Dans cette communauté patriarcale, la femme ne sait pas lire, on lui inculque la bible à la manière des hommes, la femme ne décide pas, elle travaille, elle se tait.
Alors cette réunion s’ouvre sur une volonté de reprendre leur destin en main.
Les femmes parlent, beaucoup, les voix s’entrechoquent, se contredisent et s’affirment. Chacune avec ses oppositions, ses contradictions et ses certitudes. Les voix, fortes ou ténues, sont des voix indispensables.
Ce qu’elles disent est le roman de la parole dévoilée, des choix, des colères rentrées et des affirmations de soi. C’est le roman de la recherche du sens, qui de la métaphore ou de la réalité pragmatique, qui de l’action ou de la réflexion. Car c’est bien le sens, dans sa définition la plus large, que l’on quête. Le sens de la vie, le sens de la foi, le sens de la place de la femme dans une société dominée par l’homme. C’est soi-même que l’on cherche à redéfinir. Quitter la voie tracée par leurs dominateurs communs.
Ce qu’elles disent, c’est le chant des femmes, un chœur qui ne désire rien tant que s’épanouir. Des moyens limités dont elles disposent, faire un geste, un départ vers la libération.
Dans les ombres du fenil, éclairé par la lune et les étoiles, se joue quelque chose de fort, de puissamment actuel. Une force comme un grand mouvement libérateur. La puissance de l’échange et de la fraternité. L’amitié envers et contre tout. La solidarité décisive.
Miriam Toews donne à ces femmes, à toutes les femmes du monde, une porte ouverte sur des lendemains émancipateurs. Rien n’est facile, tout est à penser, tout est à agir.
Huis-clos formidable, Ce qu’elles disent dit beaucoup sur notre rapport au monde, à la communauté humaine, à ce que l’on peut et ce que l’on doit faire. Comme une urgence. Comme un appel à la nuit de ne pas se refermer sur nous.