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Écrire, c'est aussi reconnaître sa dette d'amour envers ceux que René Char appelle les alliés substantiels, c'est lire des épitaphes cryptées, aborder des îlots de solitude, déserter l'ici et maintenant en glissant sur des luges de nuit pour gagner les frontières de l'invisible avec comme guides des émissaires de l'autre côté. Ces pages, roman d'une lectrice, sont des hommages aux maquisards qui ont fait ouvre délictueuse, s'assignant le but de renverser les normes, de lancer des brûlots au flanc de l'académisme, d'exorciser les peurs et de proposer au lecteur un voyage où il se débarrassera de sa pusillanimité, de ses préjugés, et se laissera emporter par une bourrasque vers des territoires inconnus.
Réflexion sur l'inconnu
Cet essai nous amène à réfléchir sur l'écriture : son but, ce qui la déclenche , ce qu'elle apporte.
Un petit extrait :
Quand il se tua dans son garage en 1954, l'écrivain Dagerman au succès éclatant était resté, à trente et un ans, un adolescent, semblable à l'adolescent Strindberg rêvant d'être l'astre du désastre et d'allumer un gigantesque incendie "avec tout ce qui était froid, gris, pourri, triste et sale". Lui aussi était un protestataire et un homme seul, qui se voulait un lion, doué de la "cruauté de celui qui s'ouvre librement à la solitude en supprimant tout ce qui est faible et fragile, tout ce qui a besoin de communauté, pour ne laisser que de cruels solitaires capables d'aimer la solitude avec leur unique flamme".
Cet essai n'est pas d'une lecture aisée. Linda Lê utilise un vocabulaire riche (pour notre plus grand plaisir). De nombreuses références littéraires aide à faire avancer la réflexion sur le pourquoi de l'écriture surtout quand on connait la souffrance qui en résulte parfois.
Une autre citation :
Je me demande ce qui est le plus triste : une porte sans clé ou une clé sans porte
Yehuda Amichai