Les lecteurs qui ont découvert Muriel Barbery grâce à L’Elégance du Hérisson se souviennent probablement que le roman commence par un décès : celui d’un grand critique gastronomique.
Si vous n’avez pas lu ce roman, ne prenez pas la peine de vous jeter dessus avant de lire Une Gourmandise puisque ce dernier le précède. Publié quelques années auparavant, il présente ce même critique gastronomique très antipathique, à quelques heures de péricliter. Le lecteur le trouve en train de galoper derrière le souvenir d’une saveur qui lui échappe.
Dans chacun des chapitres
où la parole lui est donnée, cet homme se projette dans ses souvenirs et de revivre une expérience gustative et culinaire marquante.
Ce narrateur principal est entouré par de nombreux narrateurs aussi périphériques qu’inintéressants et offrant au lecteur de quoi se perdre… Chaque personnage, proche d’un de ceux qui font et défont les étoiles d’un restaurant, est censé révéler, à chaque fois, une nouvelle facette d’un homme apparemment fabuleux. Chacun se trouve dans un état d’esprit différent face à cette future disparition et le critique apparait : gourmet, mégalo, passionné, cynique, jouisseur…
Muriel Barbery survole beaucoup trop les relations entre ces (trop ?) nombreux personnages alors qu’il y avait plein de potentiel. Chaque lecteur sait tout, tout de suite.
166 pages pour un roman, cela semble bien court pour un bon lecteur, non ? Et bien, là, elles semblent fort longues. Les descriptions culinaires et sensitives finissent par être lassantes. A choisir, la mexicaine Laura Esquivel nous offre, dans Chocolat Amer, une écriture plus prenante, plus charmante, plus dynamique et, par conséquent, nous excite bien mieux les papilles.
Une dernière chose rebutante provenait de la couverture franchement colorée du format poche de Une Gourmandise… En effet, elle présente trois personnages très rondouillards à vélo sur des fouets au milieu d’arbres faits de… chantilly ! D’emblée, c’est écoeurant…et puis, pourquoi associer forcément gourmandise avec surpoids et sucreries ?
Ce premier roman simple et banal reste à mon avis loin derrière le Hérisson même si, au fond, chacun est dans un excès : trop de simplicité pour La Gourmandise, Prix du Meilleur Livre de Littérature Gourmande en 2000, trop de philosophie pour L’Elégance du Hérisson !
Cela ressemble à une mise en bouche bien fade et vite lue, pour le livre suivant. Arrivé à la fin qui n’apporte aucune surprise, on se demande : “Tout ça… Pour ça ?”
A oublier.
Madeleine de Proust
Un critique gastronomique réputé et aigri se voit rattrapé par la vie et part à la recherche d'une saveur oubliée.
Un roman qui fait la part belle au goût du souvenir (ou au souvenir du goût) des autres, de la fraternité et de l'empathie.
Un homme peut avoir le pouvoir et l'argent, il n'est rien s'il a perdu son âme d'enfant.