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Au moment où vivant et artificiel convergent, les relations humaines prétendent se simplifier. L'Autre ne serait qu'une donnée. Pourtant, le problème reste entier : la communication bute toujours sur les difficultés de la rencontre car l'altérité est constitutive de la communication et de son horizon. Au début est l'incommunication. Altérités et singularités humaines ouvrent des espaces de négociation, de cohabitation et d'invention pour chacun : Cogitat ergo est.
C'est dans la rupture et le discontinu que s'inscrivent l'émergence du nouveau et, souvent, la communication. Aujourd'hui, la vision occidentale qui connecte corps et dispositifs en réseaux vise donc à établir une continuité entre cerveau et esprit, tandis que la science biologique produit de nouveaux artefacts. L'invisible "épaisseur organique" se transforme alors en "surfaces numériques" objectivables.
Un être informationnel apparaît, prétendant tout savoir, tout dire et prédire. De pulsionnel et érotique, le corps devient objet et information, résolvant d'un coup l'épreuve et l'expérience de la communication. La question traitée ici est celle de l'altérité à l'épreuve d'un être informationnel. Ce numéro d'Hermès ouvre de nouvelles perspectives pour les sciences de la communication. L'originalité est de mobiliser et de confronter des disciplines aux fondements parfois incommensurables : sciences cognitives, neurosciences, psychanalyse, sciences humaines et sociales.
Loin d'une communication transparente, sans butée et sans Autre, la rencontre de ces disciplines montre une nouvelle fois que la communication humaine est sans mode d'emploi. Le corps, la relation à l'Autre manifestent obstinément des points de résistance. La communication s'invente toujours, au-delà des systèmes, des réseaux, des interactions.