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Programmer la refonte à long terme de " collections d'hommes prises en masse " pour les conformer à " un type parfait ". ou en d'autres termes " s'emparer à l'avance des races futures et tracer le régime du genre humain " de source médicale. Voilà le type de vœu assez peu anodin qu'on entendait en France autour de 1800. Il est de fait que l'esprit des Lumières, en voulant reconstruire le social à partir de l'individuel, et en tendant parallèlement à réduire l'homme à l'organique, suggère clairement la compétence, en politique fondamentale, du " médecin philosophe ".
Certains auteurs de premier rang proclament nettement et justifient ce magistère. Le contexte révolutionnaire, en semblant rendre tout " possible " vient stimuler les imprudences réformatrices de cette nature, et d'autant plus que les déconvenues des premières années assoient la conviction, chez les théoriciens, d'une effective urgence de repentir radicalement la pâte humaine pour l'adapter aux bons principes.
Pour d'évidentes raisons techniques, ce type de dessein n'a dans l'immédiat aucune suite pratique. Mais la logique intellectuelle dont il procède, qu'amplifie le scientisme du XIXe siècle, donnera des fruits assez notoires dans certains totalitarismes du siècle suivant. et n'est sans doute guère étrangère aux fondements doctrinaux de la bioéthique contemporaine.