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« Les jours s’enchainaient, ils sentaient la lumière ».
« Comment se forment les brèches dans nos cerveaux, et les vertiges. »
Je crois que dès le début j’aurais voulu qu’elles soient sauves. Avec elles en forêt, j’avais oublié le temps du récit, remettant plus avant la fuite le désespoir, plus avant l’échec et les blessures, les croyants derrière. Je ne devinais pas à quel point nous retournerions à cet été fantastique et à sa fin. Avec elles en forêt, j’étais assuré de l’amitié la plus sure, du seul remède possible. Je partageais par la lecture l’attention
constante qu’elles avaient l’une pour l’autre presque amoureuses, comme sœurs, laissant la forêt, le chalet, les étoiles et le lac les guérir, les remplir et les émerveiller. « Il sera impossible de définir la frontière entre Clara, Chloé et la nature. »
Allant de l’une à l’autre, d’une phrase essentielle et belle à l’autre, je vivais cet été avec Chloé et Clara, un « camp de survie », L’Ermitage, ses journées incalculables, un endroit qui guérît, une sauvagerie qui remplit, une amitié qui soigne. Une voix pour soi, une voix pour l’autre. Un chalet d’enfance, « un labyrinthe de cèdres et d’amour », des nuits extraterrestres. Clara et Chloé se connaissent, se racontent, chacune miroir profond de l’autre. Toujours sous le regard de l’une ou de l’autre, il n’y avait pas de fin pour moi à cet été loin du monde.
Ou d’une saison l’autre peut-être sous les hospices de Virginia Woolf tout s’est emmêlé, plusieurs passés avec le lac et la forêt. Et dans la splendeur, une blessure s’est rouverte, un désespoir commun a grossi et s‘est aggloméré. A creuser à rebours l’inéluctable, Mikella Nicol dessine quelques courbes et lignes de vies mêlés à une régénérescence temporaire et inattendue qui dit par étapes imposées les âges de la vie, leurs goûts et leurs pièges.
Deux étrangères, deux malhabiles qui s’alignent. Le temps d'un été, c’était comme les vagues, les heures à vouloir échapper aux souvenirs et vivre un plus grand bonheur, indépassable.
sensible et poétique
Elles sont poignantes ces deux jeunes femmes qui cherchent à réparer leurs blessures dans leur bulle de campagne au bord d'un lac. Dans une ambiance à la Sophia Coppola, et je penses ici au merveilleux Virgin Suicide, Mikella Nicol raconte l'amitié fusionnelle de l’adolescence et la difficulté du passage à l'âge adulte.
Les Filles bleues de l'été est un premier roman désarmant, d'une poésie à couper le souffle.