La fileuse de verre de Tracy Chevalier paru aux éditions de la Table Ronde.
Idée lecture Gleeph.
Premières phrases : « Si vous faites ricocher habilement une pierre plate sur la surface de l’eau, elle rebondira de nombreuses fois, à intervalles plus ou moins grands.
En gardant cette image en tête, remplacez maintenant l’idée de l’eau par celle du temps. »
Le temps n’a plus cours, le temps n’a plus d’emprise il est autre.
Le four est chaud et ne sera éteint qu’au mois d’aout, le temps est au travail, le sable est là, le bois est entreposé, ils sont verriers,
ils sont muranais et ils sont les maitres du verre.
Le précieux matériaux est chauffé, travaillé, il se fait coupe, il devient carafe et se transforme en « rosetta »
Si les hommes seuls travaillent dans l’atelier et souffle le verre, certaines femmes désireuses d’apprendre et de révéler le talent qui est le leur, développent leur propre technique et fabriquent ainsi des perles de verre.
Orsola Rosso, fille, sœur de verriers, sur l’ile de Murano, compte bien elle aussi participer à l’épopée incroyable des souffleurs de verre, dont la renommée dépasse la sérénissime cité lacustre.
Travaillant dans l’ombre des hommes, perfectionnant son art et distillant une pointe d’audace dans ces créations, elle est bien décidée, elle aussi écrire une page, sa page dans le livre du savoir-faire de ces artistes hors pairs.
Je n’avais pas lu de roman de cette auteure depuis « la jeune fille à la perle » à sa sortie, j’ai retrouvé la richesse de la documentation, le maitrise du sujet et une écriture sure et généreuse.
J’aime la poésie, elle me parle, simplement car elle sonne à mes oreilles comme une douce musique, peu importe, la notion de temporalité, de logique ou de construction précise.
J’aime les mots, ils me portent et me transportent me déposant où bons leur semble, fuyant parfois toute logique.
J’ai été emporté de la même façon dans ces pages, au sein desquelles la notion de temps, de chronologie fidèle, s’est envolée, je prends simplement plaisir à voyager et à parcourir l’histoire de Murano et de Venise, rebondissant tel un ricochet.
Emma aime :
-La volonté
-La finesse
-Les ricochets
Une belle immersion dans le monde des verriers de Murano
La Fileuse de verre de Tracy Chevalier est un roman historique captivant qui nous plonge dans l’univers fascinant des maîtres et apprentis verriers à Murano, en Italie.
Nous sommes en 1486 au sein de la famille Rosso, verriers de génération en génération. Mais ce n’est pas l’affaire des femmes jusqu’au jour où un malheur arrive au sein de la famille et que la fille Orsola Rosso, pour éviter la ruine, se lance dans le travail du verre, chose impensable pour une femme. Ainsi, elle façonne en secret des perles de verre et se lance dans le commerce dans le port de Venise… Parviendra-t’elle à sauver sa famille ?
Tandis que se succèdent guerres, épidémies, amours et deuils, elle affûte son savoir-faire. Ainsi nous suivons l’histoire d’Orsola à travers les siècles, de Venise à Murano, grâce à un style intéressant de l’auteure, style qui consiste à changer d'époque à chaque chapitre, tout en laissant intacts les personnages sous prétexte que Venise possède son propre espace temps. Les époques se succèdent de 1486 à 2019, et cela nous permet de voir l'évolution de la ville et du commerce au fil des siècles. C’est un peu déroutant au départ puis rapidement nous comprenons le sens de ces « ricochets » dans le temps.
J’ai vraiment aimé découvrir cette Venise que je ne connaissais pas, cette évolution dans le temps, les lieux, les décors, les odeurs, et surtout l’artisanat verrier. Nous nous attachons très vite à cette famille et surtout à Orsola, figure féminine d’une force incroyable…
Ce roman est captivant et Tracy Chevalier parvient à mêler habilement l’Histoire et l’intimité de cette famille au sein de laquelle chaque membre occupe une place propre au caractère de chacun.
Orsola devient très vite notre héroïne, à la fois fragile, cherchant à tout prix la reconnaissance des siens et en même temps habitée par une force et une détermination sans bornes.
Lorsque la dernière page est tournée, je suis déjà nostalgique de quitter Orsola mais rien ne vaut une bonne Polenta pour s’en remettre… Belle lecture !
Roman lu dans le cadre d’un partenariat avec Gleeph et la maison d’éditions La Table Ronde.
Merci pour la belle découverte !