Tout commence au café « Le Condé », près du carrefour de l’Odéon, en plein coeur du VI ème arrondissement, lorsque une jeune femme énigmatique prend l’habitude de venir s’y asseoir. Ici, toute le monde – une bande bohème (intellectuels, poètes, artistes, étudiants en rupture avec l’université…)- la surnomme Louki mais personne ne la connait vraiment. En effet, dans cette assemblée hétéroclite, chacun s’octroie le droit de s’inventer une identité voire une existence et ainsi de garder sa propre part de secret. Toute la construction de ce superbe roman repose sur
les épaules frêles et fragiles de cette fille visiblement perdue.
Au fil des pages, se succèdent quatre voix qui tentent de mettre le lecteur sur la piste du (des ?) secret(s) de Louki : un autre nom, une autre vie, une enfance dont elle s’est enfuie et qu’elle aimerait oublier… Toutes ces choses qui font d’elle un océan de tristesse et de souffrances. Bien entendu, c’est Louki, la troisième « voix », qui en révèlera le plus sur ses fêlures les plus intimes., sur les personnes qu’elles a aimées et qui l’ont quittées. Mais, avant cela, il y a cet étudiant à l’Ecole des Mines, qui pose les questions. Qui est-elle ? Pourquoi semble-t-elle si distante ? Que fait-elle ici, parmi cette population qui ne lui ressemble que si peu ? On entend aussi la voix d’un mystérieux détective privé du nom de Caisley qui, sans apporter beaucoup à l’histoire, attise notre curiosité. Le roman finit sur la voix de Roland, l’amoureux transit et amant de Louki, qui passe son temps dans les rues de la ville à la recherche des « zones neutres », ces lieux intermédiaires. Autre personnage à part entière : Paris qui semble tout droit sorti d’une toute autre époque.
Patrick Modiano a traduit, dans ce roman hanté par l’obsession de la disparition et de l’absence, la détresse et l’obstination à revivre encore et encore le passé, infiniment trop beau pour qu’on l’oublie. N’attendez pas d’action mais plutôt la nostalgie d’un Paris des années 1960.
Ce livre dont le titre est emprunté à Guy Debord semble bien court mais ses 159 pages sont terriblement poétiques et élégantes.
http://wp.me/p15wzT-aX
Fabuleux
Tout commence au café « Le Condé », près du carrefour de l’Odéon, en plein coeur du VI ème arrondissement, lorsque une jeune femme énigmatique prend l’habitude de venir s’y asseoir. Ici, toute le monde – une bande bohème (intellectuels, poètes, artistes, étudiants en rupture avec l’université…)- la surnomme Louki mais personne ne la connait vraiment. En effet, dans cette assemblée hétéroclite, chacun s’octroie le droit de s’inventer une identité voire une existence et ainsi de garder sa propre part de secret. Toute la construction de ce superbe roman repose sur les épaules frêles et fragiles de cette fille visiblement perdue.
Au fil des pages, se succèdent quatre voix qui tentent de mettre le lecteur sur la piste du (des ?) secret(s) de Louki : un autre nom, une autre vie, une enfance dont elle s’est enfuie et qu’elle aimerait oublier… Toutes ces choses qui font d’elle un océan de tristesse et de souffrances. Bien entendu, c’est Louki, la troisième « voix », qui en révèlera le plus sur ses fêlures les plus intimes., sur les personnes qu’elles a aimées et qui l’ont quittées. Mais, avant cela, il y a cet étudiant à l’Ecole des Mines, qui pose les questions. Qui est-elle ? Pourquoi semble-t-elle si distante ? Que fait-elle ici, parmi cette population qui ne lui ressemble que si peu ? On entend aussi la voix d’un mystérieux détective privé du nom de Caisley qui, sans apporter beaucoup à l’histoire, attise notre curiosité. Le roman finit sur la voix de Roland, l’amoureux transit et amant de Louki, qui passe son temps dans les rues de la ville à la recherche des « zones neutres », ces lieux intermédiaires. Autre personnage à part entière : Paris qui semble tout droit sorti d’une toute autre époque.
Patrick Modiano a traduit, dans ce roman hanté par l’obsession de la disparition et de l’absence, la détresse et l’obstination à revivre encore et encore le passé, infiniment trop beau pour qu’on l’oublie. N’attendez pas d’action mais plutôt la nostalgie d’un Paris des années 1960.
Ce livre dont le titre est emprunté à Guy Debord semble bien court mais ses 159 pages sont terriblement poétiques et élégantes.
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