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A travers une succession de saynètes, des tableaux au trait noir sont composés de motifs figés et répétés quasiment à l'identique. Les personnages de l'histoire sont identifiés chacun par une couleur particulière : le Chaperon (rouge), la mère (ocre jaune), la mère-grand (violette) et le loup (brun) et progressent dans les décors pour faire avancer l'histoire. Dans ce paysage, apparemment figé, certains éléments " vivent " bel et bien (des poules picorent, un cochon chasse une poule, les papillons volent et se déplacent).
Thierry Dedieu s'attaque au plus fameux des contes d'avertissement en prenant pour modèle le principe du motif de la toile de Jouy, qui a joué un rôle majeur dans la transmission des traditions d'une époque mais aussi des légendes populaires.
Terrifiant !
Souvent, les albums pour la jeunesse sur le petit chaperon rouge prennent des libertés avec le texte original pour ne pas choquer le jeune public, pour s’adapter au plus grand nombre… Christian Roux prend le contrepied de cette démarche en reprenant le célèbre conte de Perrault sans l’édulcorer. Il n’est pas question ici de gentil chasseur qui ouvre le ventre du loup pour sauver la grand-mère ; il n’y a pas non plus de happy-end : la morale est intégralement retranscrite à la fin, mettant en garde les jeunes demoiselles contre les "loups" de toute sorte qu’elles pourraient rencontrer… Le grand format (type BD franco-belge) laisse la part belle aux illustrations magnifiques. Les couleurs dominantes (blanc, vert, rouge, noir) ainsi que le trait plutôt dépouillé jouent le contraste entre l’obscurité et la lumière et font surgir l’angoisse à chaque page. Le loup est grand et inquiétant en comparaison de la fille qui paraît petite et frêle. Un très bon album qui transpose à merveille l’atmosphère assez terrifiante du conte. A lire avec son enfant dès 6-7 ans.