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Jeremiah Brown a décidé de quitter les Etats-Unis pour rendre visite à sa mère en Ecosse. Pendant cette dernière nuit dans son pays d'adoption, Jeremiah échappe à sa sinistre chambre de motel, au fin fond de nulle part, pour aller faire la tournée des quelques bars du coin et réfléchir à sa vie, un peu ratée, d'immigré en Amérique. Une vie faite de petits boulots, de rencontres fortuites avec d'autres immigrés, mais animée aussi par son refus de l'ordre établi, quel qu'il soit, et son amour pour Yasmin, son ex-amie, chanteuse de jazz et mère de son enfant.
Dans un long monologue intérieur, entrecoupé de menus incidents, Jeremiah tente confusément de comprendre sa rupture avec celle qu'il continue à aimer à sa façon, sans emphase ni fioritures. Jeremiah Brown n'est ni héros ni antihéros : c'est un homme ordinaire, abonné aux jeux de chance, athée et rétif à l'autorité dans un pays étrange, souvent peu accueillant pour l'immigré qu'il est, mais qu'il ne se résout pourtant pas à quitter.
La voix de ce roman a une qualité rare, une énergie puisée dans la vie de tous les jours. Elle tangue entre la violence du refus de Jeremiah d'accepter les contraintes d'une vie de salarié précaire et l'humour anarchique de celui qui n'arrive jamais à se prendre complètement au sérieux. James Kelman est un des grands explorateurs contemporains de l'existence des gens ordinaires.